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Zones VOLTAC et drones en catégorie ouverte : quand la carte ne dit pas tout

Secteur VOLTAC du Luc - Même en dessous de 50 mètres avec un drone de moins de 900 g les vols nécessitent une autorisation de la bas.
Secteur VOLTAC du Luc - Même en dessous de 50 mètres avec un drone de moins de 900 g les vols nécessitent une autorisation de la bas.

Les cartes aéronautiques comme Géoportail – carte “catégorie ouverte” sont devenues le réflexe de nombreux télépilotes pour vérifier si un vol est autorisé ou non.


Mais certaines zones, notamment les secteurs VOLTAC (Vol Tactique), montrent à quel point la lecture d’une carte peut donner une impression incomplète… voire trompeuse.



Le cas du secteur VOLTAC du Luc (EALAT)


Un élève formé chez Elite Drone Group, employé dans un domaine viticole situé au cœur du secteur VOLTAC du Luc, a récemment voulu appliquer ce qu’il avait appris en formation. Avant de voler avec son drone de plus de 900 g, il contacte la base école ALAT pour demander un protocole d’accord – une démarche parfaitement conforme à la réglementation.

Mais lorsqu’il demande s’il peut utiliser à la place un Mini 5 Pro (249 g) sans autorisation, la réponse est catégorique :


« Quelle que soit la masse du drone, il faut une autorisation de vol »

Pourtant, sur Géoportail, le même secteur affiche une limite de hauteur de 50 mètres pour les drones de moins de 900 g, sans mention d’interdiction particulière.


Ce qui amène à une situation paradoxale : de nombreux télépilotes volent probablement en toute bonne foi dans cette zone, sans savoir qu’ils enfreignent une règle militaire.


Que sont les zones VOLTAC ?


Les zones VOLTAC sont des espaces d’entraînement tactique à très basse altitude, dédiés aux hélicoptères militaires. Elles se caractérisent par :

  • des vols entre 0 et 150 m (500 ft),

  • de jour comme de nuit,

  • par hélicoptères isolés ou en formation de 2 à 20 appareils,

  • parfois stationnaires derrière des masques naturels (bois, collines, bâtiments),

  • et souvent avec des appareils camouflés évoluant à très basse altitude.


Ces zones permettent aux pilotes militaires de s’entraîner à la manœuvre tactique en terrain réel, parfois à seulement 20 m du sol.


Dans ce contexte, toute présence d’un drone civil — même de 249 g — est considérée comme une interférence potentielle.



Rappel réglementaire : drone en catégorie ouverte EASA (règlement 2019/947)


La catégorie ouverte regroupe les vols à faible risque, sans autorisation préalable, à condition de respecter les limites suivantes :

Sous-catégorie

Classe de drone

Masse maximale

Principales conditions d’exploitation

A1

C0 ou C1

< 250 g (C0) / < 900 g (C1)

Vol proche des personnes, sans survol de rassemblement.

A2

C2

< 4 kg

Distance ≥ 30 m (ou 5 m en mode “low-speed”). Formation A2 obligatoire.

A3

C3 / C4

< 25 kg

Zone non peuplée, ≥ 150 m de toute personne.


En théorie, un drone C0 à C2 (comme un Mini 4 Pro ou Mavic 3 Pro) peut voler en catégorie ouverte dans la limite de 120 m, et même dans certaines zones restreintes si Géoportail indique une hauteur réduite (ex. 50 m).

Mais attention : ces cartes n’intègrent pas la souveraineté militaire.



Risque réel vs précaution absolue


Techniquement, l’impact d’un drone de 250 g sur un hélicoptère militaire à 150 nœuds serait minime, bien inférieur à une collision aviaire. Mais ce n’est pas le risque mécanique qui préoccupe la Défense :c’est l’incertitude.


Un drone civil, même minuscule, est une signature radar ou visuelle imprévue. Il peut perturber une mission, détourner un vol, ou déclencher une alerte inutile. C’est pourquoi la logique militaire repose sur le principe de sécurité absolue, et non sur la proportionnalité du risque.



Ce qu’il faut retenir


Dans la logique EASA, la catégorie ouverte repose sur le principe du risque proportionné :plus le drone est léger, plus les contraintes sont faibles. C’est le socle d’une réglementation européenne harmonisée et cohérente.


Mais dans les faits, cette logique s’arrête aux frontières de la souveraineté nationale. Une zone militaire comme un secteur VOLTAC n’est pas un “espace réglementé” parmi d’autres — c’est un volume tactique actif, où la sécurité opérationnelle prime sur toute autre considération.


Et c’est là que tout change. Un drone de 250 g peut être interdit, alors qu’un hélicoptère de 8 tonnes y manœuvre à 20 ou 30 mètres du sol.


« Ce n’est pas le poids du drone qui décide du droit de voler, c’est le contexte aérien dans lequel il s’inscrit »

Les cartes comme Géoportail offrent une lecture simplifiée de l’espace aérien : elles affichent des hauteurs, mais pas des autorisations. Dans les zones VOLTAC, seul le gestionnaire militaire détient la clé. Et tant qu’un protocole n’est pas signé, le ciel reste fermé, quel que soit le modèle de drone ou la catégorie d’exploitation.


La réglementation européenne définit les règles, mais la Défense définit les exceptions. C’est cette nuance que tout télépilote professionnel doit comprendre pour voler en sécurité — et en légitimité.



Et bien sûr, cher lecteur, comme d'habitude : Votre mission, si toutefois vous l’acceptez, est de poser vos questions , de partager votre expérience terrain en commentaire pour lever vos doutes et enrichir la discussion. Comme toujours, si vos commentaires venaient à déraper, nous nierions en avoir eu connaissance. Ce fil de discussion ne s’autodétruira pas dans cinq secondes… alors profitons-en pour échanger de façon constructive et courtoise. Bonne chance !











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