Quand la détection vaut mieux que la paperasse : deux histoires vraies de survols illicites
- Frédéric Aroco
- 25 sept.
- 3 min de lecture

Introduction
Comme je sais que vous aimez les petites histoires, en voici deux — l’une au Danemark, l’autre en France — qui illustrent une vérité souvent oubliée : multiplier les procédures administratives n’empêche pas les vols de drones irresponsables. La vraie sécurité se joue ailleurs : dans la détection, l’anticipation et l’intervention.

1. Copenhague : un aéroport paralysé par quelques drones
Dans la nuit du 22 au 23 septembre 2025, plusieurs drones « suspects » ont survolé l’aéroport de Copenhague - Kastrup. Résultat : trafic interrompu pendant près de 4 heures, des dizaines de vols annulés ou déroutés, des passagers bloqués.
La Première ministre danoise a parlé de la « plus grave attaque contre une infrastructure critique » jamais connue dans le pays. Quelques heures plus tard, l’aéroport d’Oslo était lui aussi brièvement touché, laissant penser à une opération coordonnée.
Ce que l’on sait :
Les drones n’étaient pas de simples jouets, mais pilotés par un opérateur compétent, capable de maintenir des trajectoires prolongées.
Les conséquences dépassent l’anecdote : pertes économiques, image écornée, vulnérabilité révélée.
Et surtout : aucune procédure administrative n’aurait pu empêcher cela.
2. Toulon : un drone intercepté à 500 m au-dessus de la rade

Changement de décor. Ici, pas besoin de traverser l’Europe : la scène se déroule chez nous, à Toulon.
Un drone de type Mavic a décollé des hauteurs d’Ollioules et a parcouru environ 6 km jusqu’au-dessus de la rade militaire. Son altitude ? 500 mètres.
Or, cette zone est doublement sensible :
Elle est incluse dans la LF-P 62, une zone interdite de vol aérien.
Elle est également couverte par la ZICAD n° 083-015 (Zone Interdite à la Captation Aérienne de Données), ce qui interdit formellement toute captation de photos, vidéos ou mesures sans autorisation spécifique.
En clair : voler là, c’est violer à la fois la réglementation aérienne et celle sur la captation de données.
Mais les militaires de la rade veillent. Ils détectent systématiquement toute élévation de drone. Dans ce cas, sans préavis ni appel, ils ont brouillé les fréquences du drone, qui est allé se poser… sur l’eau et a dû finir par couler. (En sachant qu'un Mavic 3 vaut presque 2 000 €).
3. Deux histoires, une même leçon
Ces deux épisodes montrent une réalité simple :
Les procédures lourdes ne dissuadent pas les irresponsables.
Les professionnels, eux, passent par un parcours semé d’embûches pour voler légalement, surtout près d’un aéroport ou dans une zone militaire comme Toulon.
Dossiers à monter, préavis à déposer, autorisations à obtenir auprès de la préfecture, du CECMED, de la DGAC…
Un processus long, complexe, qui finit par décourager certains, alors que les “hors-la-loi” n’en tiennent aucun compte.
La vraie différence vient de la détection et de la réaction en temps réel.
➡️ À Copenhague, l’absence d’outils adaptés a paralysé tout un aéroport.
➡️ À Toulon, des moyens militaires efficaces ont permis d’intercepter immédiatement le drone.
4. Ce que doivent retenir les professionnels
La réglementation est essentielle pour encadrer la profession.
Mais la sécurité des espaces sensibles repose avant tout sur la technologie et la coopération.
Les démarches lourdes pénalisent les pros, pas les irresponsables.
Pour sécuriser durablement le ciel, il faut investir dans la détection, l’identification et la neutralisation.

Conclusion
Que ce soit à Copenhague ou à Toulon, les faits parlent d’eux-mêmes : la paperasse encadre les bons, mais ne stoppe jamais les mauvais.
Professionnels, institutions et opérateurs doivent pousser dans la même direction : développer des solutions de détection et d’intervention robustes, au lieu d’empiler les formulaires.
Parce qu’en matière de sécurité aérienne, l’efficacité n’est pas dans les bureaux, mais sur le terrain.
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